Le Pertuis de Maumusson


Nous sommes ici à l’extrémité de la ligne du p’tit Train de Saint-Trojan (PK 5,7 actuellement). C'est-à-dire à la pointe sud d’Oléron, plus exactement à Maumusson, nom donné au pertuis. Le Pertuis de Maumusson est un étroit goulet (moins d’un kilomètre de large à marée basse) qui sépare l’île d’Oléron de la presqu’île d’Arvert et qui met en communication l’estuaire de la Gironde et le coureau d’Oléron, situé sur la Côte Sauvage d’Oléron.
Pertuis signifie « passage », détroit resserré entre une île et la terre, tandis que Maumusson signifie en vieux français « mauvais chemin » (mauvaise musse).
Alors qu’Oléron tenait encore au continent par une large bande de rochers, allant d’Ors à la pointe du Chapus (à l’emplacement du viaduc), la Seudre se déversait dans la Baie d’Anchoine, sorte de vaste lac qui communiquait à l’Ouest vers l’Océan par un canal étroit : « si étroit qu’on le sautoit avec un bâton », si l’on en croit une enquête faite en 1335 auprès d’une centaine de témoins, à l’occasion d’un différend entre le seigneur de PONS et le roi Philippe de VALOIS. D’après le témoignage du seigneur de La MARTIERE, capitaine des Gardes-côtes« son grand-père aurait traversé ce canal à l’aide d’une carcasse de tête de cheval, pour ne pas se mouiller les pieds dans un courant d’eau qui y restait à marée basse ». La rupture de l’isthme, qui forme aujourd’hui le pertuis de Maumusson, s’est successivement élargie, et a recouvert de dunes arides, des bords autrefois fertiles et habités.
Ainsi, progressivement au cours des siècles, la force des courants provenant du nord, de la Charente et de la Seudre s’est accentuée, les vagues de l’océan ont corrodé la langue de sable, ouvrant largement le Pertuis de Maumusson.

De très nombreux naufrages ont eu lieu ici, principalement entre les XVIIème et XIXème siècles. Ainsi au XVIIIème siècle, 73 naufrages ont été répertoriés dans les parages par l’Amirauté de Marennes, soit en moyenne : un gros naufrage par an…


Le milieu naturel

C’est le résultat de l’érosion. Presque chaque année depuis 40 ans, la mer grignote entre 10 et 25 m de dunes par an. Au début du vingtième siècle, la largeur du pertuis était estimée à 500 m, aujourd’hui, il dépasse 1 km de large à marée basse ! Ainsi, au début des années 70, le terminus du p’tit train était situé 800 m plus à l’Ouest, et il restait de hautes dunes à franchir avant de découvrir la plage. Il faut imaginer le terminus actuel alors situé en pleine forêt, sous les pins maritimes (dont on découvre les souches sur la plage). Il y avait encore deux palissades (levées artificielles érigées par nos anciens durant l’hiver grâce à des fagots disposés debout et que le vent rechargeait en sable). La palissade qui subsiste (en arrière de la gare) a été érigée en 1876. Ainsi sous l’action de la houle, les palissades de 1889 (300 m à l’Ouest de celle de 1876) et celle de la Libération (terminée au milieu des années 60 grâce à des harkis rapatriés d’Algérie), encore 300 m devant, ont disparues depuis longtemps. Désormais, les arbres n’ont plus aucune protection face au vent dominant, chargé de sel, qui les « brûle », les fait mourir, avant qu’un bon coup de vent ne les fasse tomber.

Au XVIIème siècle, le petit village de pêcheurs de Saint-Trojan a été complètement envahi par les sables, à l’époque les dunes étaient pelées et l’église primitive du XIIème siècle (ou plus exactement son clocher, car les pierres de taille de la nef ont été utilisées pour construire l’église actuelle au XVIIème) a dû être abandonnée. Son clocher repose désormais sous la Grande Dune (33 m d’altitude, point culminant d’Oléron !), à l’entrée du village sur laquelle a été construite au XIXème siècle, une maison forestière.

A partir de 1819, selon le principe imaginé par Nicolas BREMONTIER pour fixer les dunes, les plantations de pins maritimes débutent autour de Saint-Trojan, à la fin du XIXème siècle, jusque dans les années trente, de nombreux gemmeurs venus du Sud-Ouest exploiteront la sève de l’arbre qui sera transformée en térébenthine.

Ce phénomène de « marche des sables » est naturel : d’après l’étude des cartes anciennes, les périodes de régression succèdent aux périodes d’engraissement, les cycles ont une durée variable de 50 ans environ. Cependant, actuellement avec le réchauffement climatique et la remontée du niveau de la mer, nul ne peut dire si la période de régression ne sera pas prolongée, d’autant qu’ici, il n’y a que du sable et pas du tout de rochers…


Une réputation qui n’est pas usurpée

Au temps de la marine à voile, le Pertuis de Maumusson est un lieu redouté des marins. Conjonction des forts courants qui longent la côte oléronaise dans le sens Nord Sud, ils atteignent à cet endroit près de 4 nœuds (soit le double des autres pertuis) et rejoignent ceux issus de l’embouchure de la Gironde et de la Seudre. Soumis aux vents changeants qu’ils soient de l’Ouest, du Sud-Ouest ou du Nord-Ouest, le pertuis est en constante évolution avec ses bancs de sables qui affleurent.

En 1557, Bernard PALISSY, chargé par le roi de lever la carte des marais de Brouage, décrit ainsi le pertuis : « il se fait ordinairement des vagues dedans la mer aussy hautes que des montaignes et mesme es passage de Maumusson ; lesquelles vagues sont si grandes que les navires n’y peuvent passer sans estre en grand péril de naufrage et s’en perd grand nombre au dit passage (…). Quand la mer est ainsi esmeue, les navires se donnent bien garde d’y passer. » Plus loin, il compare les vagues déferlantes à une grande armée qui viendrait contre la terre pour la combattre.

Au XVIIème siècle, RICHELIEU qui avait fait édifier l’arsenal de Brouage, envisageait de faire creuser un canal reliant la Seudre à la Gironde pour éviter que la flotte royale ne prenne des risques aux abords du pertuis.

A la fin du XVIIème siècle, le cartographe Claude MASSE, décrit le pertuis, ainsi : « Il est remarquable par le grand bruit qu’il fait. Quand le vent est à l’occident on l’entend à 4 ou 5 lieues dans les terres par l’agitation et le brisement de la mer sur les grands bancs de sable fin qui avancent à droite et à gauche de son embouchure et changent souvent de place, qui sont communément des sables mouvants autour desquels la mer fait des remous, ce qui fait dire au peuple qu’il y a un gouffre en cet endroit à ce que l’on voit l’eau tourner. Il n’y entre et sort que quelques barques, encore faut il parfois attendre longtemps. » Claude MASSE rapporte encore que pour éviter les dangers des voyages en haute mer, les voyageurs rochelais pour Bordeaux, préféraient emprunter la rade et le coureau jusqu’à La Tremblade, et delà par terre à Royan où ils embarquaient à nouveau pour Bordeaux. Pourtant dès cette époque le pertuis est navigable puisque l’Amirauté de Marennes percevait un droit sur les navires sortant par le pertuis, s’élevant à 10 sols pour les bateaux de 10 tonneaux, 15 sols pour ceux de 10 à 40 tonneaux et 20 sols au-delà.

A cette époque, au danger de la mer s’ajoute celui des corsaires. En 1690, le ministre de la Marine écrivait à l’intendant de Rochefort : « les galères de M. de ROANES ont couru un grand risque à l’entrée de la Gironde où elles ont été contraintes de relâcher et elles ne pourront plus escorter les bâtiments qui iront de cette rivière dans la Seudre. » Ces galères avaient pour mission de repousser les corsaires qui infestaient les parages, et notamment les espagnols.

En 1843, Victor HUGO le décrivait ainsi (avec un brin d’exagération !), dans son ouvrage « Voyage aux Pyrénées » : « Entendez mugir le Pertuis de Maumusson (…) que les marins écoutent de 15 lieues (…). Un des nombrils de la mer, les eaux de la Seudre, les eaux de la Gironde, les grands courants de l’Océan, les petits courants de l’extrémité méridionale de l’île pèsent là, à la fois de quatre points différents sur les sables mouvants que la mer a entassés sur la côte et font de cette masse un tourbillon (…). Tout gros navire qui touche le pertuis est perdu. Il s’arrête court, puis s’enfonce lentement (…). Rien ne peut arrêter dans son mouvement lent et terrible la redoutable spirale qui a saisi le navire. ».

D’autres auteurs moins célèbres le décrivent aussi : « Le détroit de Maumusson, de l’impétuosité duquel, il arrive tous les ans quantité de débris et de naufrages » (BECHET dans « Usance de Saintonge » - 1701), ou encore « Les gens du pays n’appellent ce passage que trou de Maumusson, du fait de la disparition soudaine et quasi diabolique des navires dans les tourbillons. » (Colonel d’ESTAING – Mémoires 1756).
P-L IMBERT, dans son ouvrage « Les Drames de la Côte Sauvage » (1884), relate les « légendes » liées au site : « on me raconte, qu’à l’endroit où nous sommes, deux pêcheurs furent surpris, un soir, par une violente tempête. Jamais ils n’avaient vu la mer aussi grosse, le ciel aussi noir. Muets d’horreur, glacés d’épouvante, ils se prirent la tête à deux mains et, sans pensée, - pas même celle de leur famille, - attendirent la mort… Le lendemain, ils se trouvèrent, sans savoir comment, sur les côtes de Bretagne ! », il ajoute : « J’ai entendu des personnes affirmer, avec une conviction des plus respectables, que Maumusson communique, par des canaux souterrains, avec la Mer Noire ! ».


Dans son ouvrage « Les Côtes de la France – De Saint-Nazaire à Biarritz par la plage » (1886 – 1890), Madame de LALAING attribue cette description du Pertuis de Maumusson à Monsieur de WALLEIN : « Resserrée entre la côte de La Tremblade et l’île d’Oléron, agitée sans cesse par des courants en sens contraire, la mer bouillonne, s’élève en vagues écumeuses, creuse les sables qu’elle bouleverse et mêle avec ses eaux. Partout ailleurs, elle est excessivement calme. Le terrible Maumusson gronde à quelque distance. C’est l’Océan à la crinière hérissée, selon l’expression de lord Byron. On ne voit partout que la mer et le sable, pas une habitation, pas un être, pas un brin d’herbe ».
Onésime RECLUS constate en 1899 (« Le plus beau royaume sous le ciel ») que le Pertuis de Maumusson atteint à marée basse une largeur de 500 m (entre l’île et la terre ferme) et que les paysans de Saintonge qui l’entendent parfois à 15 lieues déclament : « Maumusson grougne ».

 

Les naufrages de Maumusson

 
La réputation du Pertuis de Maumusson (PK 5,7) n’est pas usurpée, car sur un siècle, entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, 73 naufrages sont répertoriés par l’Amirauté de Marennes. Il faut dire, comme le signale, bien plus tard, en 1886, Victor-Eugène ARDOUIN-DUMAZET, rédacteur en chef du journal La Charente, dans son ouvrage « quinze jours dans l’île d’Oléron »: « Il n’existe pas un seul point de toute la Côte Sauvage, sur près de 35 kilomètres, où un navire puisse trouver un refuge en cas de mauvais temps. On peut considérer comme perdu tout navire poussé sur les brisants du nord, ou du centre, ou de l’entrée de Maumusson. » Le port de la Cotinière n’est à cette époque pas encore aménagé.
Dans la mémoire populaire, qui dit naufrage, dit « pilleurs d’épaves », voire naufrageurs. Aucun fait à Oléron ne fait mention de « naufrageurs », en revanche les pillages se sont effectués au cours des siècles à une échelle assez importante, puisque après Saint-Denis, Saint-Trojan occupe la deuxième place des cités profitant de navires étant allés « à la côte ». Environ un quart des naufrages s’accompagne de noyades.
Pour l’Amirauté de Marennes, entre 1680 et 1700, sur 58 naufrages recensés, les équipages de 9 navires disparaissent entièrement ; pour 7 autres, une partie succombe, de 1 à 12 hommes.
La découverte sur la plage ou dans l’eau du cadavre du noyé met en route toute une procédure dont les cadres sont fixés par l’Ordonnance de la Marine relative aux « naufrages, bris et échouements » d’août 1681, voulue par COLBERT et réalisée par son fils SEIGNELAY, qui codifie toute la vie maritime et littorale. Désormais, « les vaisseaux, leurs équipages et chargements qui auront été jetés par la tempête sur les côtes de notre Royaume » sont placés sous la protection et sauvegarde du Roi, en l’occurrence les Amirautés prenant en charge l’ensemble des opérations de sauvetage et de règlement du sinistre.
Le règlement enjoint « à ceux qui trouveront sur les grèves des corps des noyés de les mettre en lieu où le flot ne puisse les emporter (…) et d’en donner incontinent avis aux officiers de l’Amirauté ». L’officier, une fois rendu sur place, établit un procès verbal où les victimes sont si possible identifiées par une description sommaire, « les choses trouvées sur le cadavre » sont énumérées, ainsi que celles remises par les garde-côtes ou les premiers témoins et un descriptif est fait des objets prouvant l’appartenance à « la religion catholique apostolique et romaine ». Car, l’article 34 de l’Ordonnance « fait obligation aux curés d’inhumer les cadavres dans le cimetière de leur paroisse, s’il est reconnu que les personnes fussent de la religion catholique, apostolique et romaine ». Pour les autres, notamment ceux reconnus de religion protestante, ils sont « enfouis sur le bord de la coste », sans cérémonie.
Autrefois, l’Oléronais est avant tout un cultivateur assez pauvre, les productions locales sont le sel récolté dans les marais salants, qui seront transformés plus tard en claires d’affinage pour les huîtres, le vin blanc, les cultures maraîchères (oignons)… Les ressources provenant des fortunes de mer sont de bon aloi, ainsi en 1772, lors du naufrage de l’Ange Gardien, plus de 100 saint-trojanais se retrouvent sur la plage pour piller la cargaison de morues, « tandis que le garde côte courait d’un côté, on volait de l’autre. ».
Au cours d’un autre naufrage d’un navire drossé à la côte en sortant de la Gironde, la cargaison de vin de Bordeaux est consommée sur place par l’ensemble de la population saint-trojanaise, tant le transport des tonneaux vers le village à travers les dunes s’était révélé impossible.
Pourtant l’interdiction de piller les navires en perdition est bien connue et les sanctions sévères : pour les détournements et recels de marchandises pillées, la restitution au quadruple de leur valeur, l’emprisonnement ou la condamnation aux galères et le bannissement.
Quelques fois, pourtant les îliens font preuve d’un véritable courage, ainsi le 8 septembre 1759, la N.D de Carmen de San-Sébastien s’échoue dans le Pertuis. Jacques DUPUY de Saint-Trojan réussit à se saisir d’une corde lancée par l’équipage qui permet d’évacuer à terre tous les marins sains et saufs.
Le naufrage le plus tragique concerne celui du Hasard, navire du roi, dont le port d’attache est La Rochelle. Il quitte La Flotte-en-Ré le 19 novembre 1768 avec à son bord 265 soldats et officiers affectés à la Martinique. Dans le gros temps, il s’approche dangereusement des côtes, il finit par s’échouer à Maumusson. Rapidement il est démembré, ainsi que les chaloupes mises à l’eau. Seuls 12 hommes rejoignent la côte.
Le plus romantique est celui de l’Antonio-Carmen, jolie goélette qui vogue de Bayonne à Bordeaux. Le 20 décembre 1823, dans la tempête qui se lève le voilier longe la côte. A son bord 10 occupants dont l’armateur Miguel ALVAREZ et sa jeune épouse, Elise, une rochelaise, tous deux en voyage de noces. Le vent endommage bientôt le mât et le gouvernail donne des signes de faiblesse. Le voilier s’ancre à quelques encablures du rivage pour tenter de réparer les avaries. Aux alentours de minuit, le vent forcit et une vague plus grosse que les autres retourne la goélette. Le douanier de la Pointe d’Arvert recueille une rescapée, la jeune Elise. Mais celle-ci restera inconsolable de la mort de son mari et sombrera rapidement dans la folie. Installée dans une cabane de pêcheur, elle mourut à son tour dans une tempête le 3 mai 1827. Son histoire et celle de Miguel ALVAREZ inspira l’auteur Pierre LEBOURGEON dans son roman « La Dune Blanche », et donna son nom à la Pointe Espagnole.
Les causes du naufrage sont multiples : tempêtes, brouillard épais, navigation des côtes au plus près (pirates ou navires anglais, petites unités …), confusion entre le clocher de Marennes et le phare de Cordouan (pourtant distant de 40 kms). Ainsi au moins deux naufrages avérés sont dus à cette erreur, celui du Princesse Eléonore de retour des Antilles en mai 1717 et celui de l’Elisabeth-Catherine en provenance d’Allemagne en décembre 1734.
Un peu plus au nord, le naufrage du vapeur uruguayen « Presidente Viera » (du nom de Feliciano VIERA, président de l’Uruguay de 1915 à 1919) dont le port d’attache était Montevidéo, eut lieu dans la nuit du 18 au 19 novembre 1916. Le cargo, jaugeant 14 000 tonneaux, transportait une cargaison de plaques de cuivre dont la destination en pleine guerre reste mystérieuse. Le navire s’échoua sur la plage de la Giraudière et se coupa en deux sous l’effet de la houle. Les 25 hommes d’équipage furent sauvés. On peut encore apercevoir l’épave au niveau de la Grande Plage de Saint-Trojan.
En 1884, l’installation d’un canot de sauvetage sur Saint-Trojan, établi à Gatseau, par la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (ancêtre de la SNSM, créée en 1865), améliore considérablement la sécurité du pertuis. Jusqu’en 1950, Saint Trojan a eu sa station de sauvetage. Le premier canot, le « Lebreton » était en bois et mesurait 10 mètres de long. Il a été utilisé de 1884 à 1924 et a effectué 11 sorties. Le deuxième canot, le « Lucien-Marie », de même capacités, a été utilisé de 1924 à 1950 et a effectué 4 sorties.


Liste des principaux naufrages dans les parages de Maumusson


- En mai 1717 : naufrage du Princesse Eléonore de retour des Antilles, le capitaine ayant confondu le feu de marennes avec celui de Cordouan.


- En mars 1724 : naufrage du Sainte-Anne-Marie en provenance de Saint-Sébastien, le capitaine et les huit hommes d’équipage se jettent dans l’eau glacée, mais cinq se noient « faute d’avoir su nager » et les quatre survivants errants « le long de la coste, sans secours, nuds ».


- En décembre 1734 : naufrage de la flûte Elisabeth-Catherine en provenance de Hambourg et à destination de Bordeaux qui s’échoue à Maumusson, suite à une erreur de navigation, le capitaine ayant confondu dans la tempête le phare de Cordouan et le clocher de Marennes.


- Juillet 1743 : naufrage de l’Aimable Françoise de Bordeaux. Quatre survivants blessés, quatre valides et 17 cadavres sur la plage.


- Le 8 septembre 1759 : naufrage de la N.D de Carmen de San-Sébastien s’échoue dans le Pertuis. Jacques DUPUY de Saint-Trojan réussit à se saisir d’une corde lancée par l’équipage qui permet d’évacuer à terre tous les marins sains et saufs.


- Le 19 novembre 1768 : naufrage du Hasard, navire du roi, dont le port d’attache est La Rochelle. Il quitte La Flotte-en-Ré avec à son bord 265 soldats et officiers affectés à la Martinique. Dans le gros temps, il s’approche dangereusement des côtes, il finit par s’échouer à Maumusson. Rapidement il est démembré, ainsi que les chaloupes mises à l’eau. Seuls 12 hommes rejoignent la côte.


- En 1772 : naufrage de l’Ange Gardien, navire chargé d’une cargaison de morues.


- Le 20 décembre 1823 : naufrage de l’Antonio-Carmen, jolie goélette qui vogue de Bayonne à Bordeaux. A son bord 10 occupants dont l’armateur Miguel ALVAREZ et sa jeune épouse, Elise, une rochelaise, tous deux en voyage de noces. Le vent endommage bientôt le mât et le gouvernail donne des signes de faiblesse. Le voilier s’ancre à quelques encablures du rivage pour tenter de réparer les avaries. Aux alentours de minuit, le vent forcit et une vague plus grosse que les autres retourne la goélette. Le douanier de la Pointe d’Arvert recueille une rescapée, la jeune Elise. Mais celle-ci restera inconsolable de la mort de son mari et sombrera rapidement dans la folie. Installée dans une cabane de pêcheur, elle mourut à son tour dans une tempête le 3 mai 1827.


- Le 14 juin 1852, pas moins de trois navires font naufrage le même jour: La goélette Le Jeune Pierre de Saint Malo, commandée par le capitaine Le Marchand, venant d’Angleterre avec une cargaison de charbon est jetée à la côte vers 16 h 00 au Peux-Vert (plage de la Giraudière), la goélette est complètement démolie mais l’équipage est sauvé ; la chaloupe l’Estéva de La Rochelle du capitaine Mouton, venant de Bordeaux avec diverses marchandises fait naufrage, le navire et l’équipage seront sauvés ; la gabare l’Elien de Libourne du capitaine Bernard, chargée de pierres à destination de Ré, s’échoue dans les bancs de sable, le navire est démantelé mais l’équipage sera sauvé grâce au dévouement du garde maritime de Saint-Trojan, Elie Murat.


- Le 15 janvier 1853 : naufrage du lougre Le Saint-Georges du capitaine Barbotin, venant de Libourne, chargé de froment, l’équipage est sauvé.


- Le 8 octobre 1857 : naufrage de la goélette La Jeune Gabrielle, du Croisic, capitaine Bertho, venant de Blick (Angleterre), chargée de charbon pour Bayonne, l’équipage est sauvé.


- Le 8 août 1860, le navire Le Jeune Firmin du capitaine Isaut, de Bordeaux, chargé de bois de constructions pour le port de Rochefort, fait côte à la pointe de l’André Félix (Pointe de Gatseau). Trois hommes d’équipage (le capitaine, le second et le mousse) se noient. Le novice seul, un grec, est sauvé, couvert de blessures.


- Le 2 novembre 1863 : naufrage au Peux Vert (La Giraudière) du trois mâts L’Espérance, de Toulon, capitaine Allard, chargé pour l’Etat de vins et de jus de citron à destination de Rochefort. Quatre hommes périssent, les autres sont sauvés par Elie Murat, le navire est brisé.


- Le 16 janvier 1865 : naufrage du brick-goélette l’Ilza de Rouma (Finlande), capitaine Romstrom, venant de Newcastle, chargé de charbon pour Marseille. A peine retiré des flots par Elie Murat et les marins de Saint-Trojan, l’équipage s’enfuit à toutes jambes croyant avoir à faire à des cannibales.


- Le 1er février 1865 : Echouage sur le rocher de l’Epinette de la chaloupe La Pensée de La Teste, patron Bernard Uruty, l’équipage est sauvé par la population du Grand-Village, à l’exception du mousse qui se noit.


- Le 5 février 1865 : Le brick anglais de cinq cents tonneaux, L’Abanian, de Sunderland, chargé de charbon à destination de Bordeaux fait côte sur le banc de Tabouret (pertuis de Maumusson), l’équipage s’en sort sur les embarcations de sauvetage, la cargaison et le bâtiment sont totalement perdus.


- Le 29 octobre 1866 : Le lougre Le Saint-Joseph, d’Auray, capitaine Guégan, se met à la côte sur le banc du Tabouret. En une demi-heure le bateau est disloqué, les deux matelots et le mousse qui composaient l’équipage, périssent tous les trois, seul le capitaine en réchappe. Le chargement composé de vin à destination de Redon, n’est pas entièrement perdu.


- Le 14 avril 1869 : naufrage de la gabare La Jeune Clémence de Pauillac, partie de Saint-Trojan chargée de moules pour la Gironde. Le bateau s’est entièrement brisé, on n’a pas pu sauver l’équipage.


- Le 15 octobre 1869 : chavirage du sloop La Reine des Anges de Marennes dans le pertuis de Maumusson. Le sloop sera sauvé et conduit à Mornac pour y être réparé.


- Le 13 mai 1870 : La chaloupe de pêche La Désirée, de Marennes, patron Péponnet, sombre en rentrant par Maumusson. Le père et le fils, qui lui sert de matelot, se noient tous les deux.


- Le 10 septembre 1870 : la goélette bolivienne L’Hermance du capitaine Négro, partie du Havre à destination de Bordeaux, donne sur le rocher de l’Epinette. L’équipage est sain et sauf grâce aux embarcations de sauvetage, le bâtiment est entièrement démoli.


- Le 2 mai 1872 : la chaloupe La Victoire du patron Ory, pilote de La Tremblade se perd sur Tabouret. Le capitaine et son novice se noient, un matelot est sauvé.


- Le 6 janvier 1873 : naufrage du lougre La Marie de Libourne, capitaine Patoiseau, de Saint-Trojan ; chargé de sel pour Libourne. Bilan ; 3 noyés, un rescapé qui s’était réfugié dans la mature.


- Le 26 janvier 1874 : naufrage de la gabare Le Jeune Lacoste, patron Jean Drouet, de Pauillac, sur le rocher de Rouchou (Les Ecluses).


- Le 1er mars 1874 : La goélette Le Sans Souci de Saint-Servant, du capitaine Laurent, fait côte à Gatseau. Chargée de poteaux de mine à destination de l’Angleterre, le navire et l’équipage seront sauvés.


- Le 3 octobre 1874 : la chaloupe Marie-Laetitia, patron Bernard Uruty, s’échoue près de l’Epinette. Le navire et l’équipage seront sauvés.


- Le 17 janvier 1875 : le trois mâts La Havanaise du capitaine Croiset, venant de Guanape, chargé de guano, sombre à Maumusson. Les seize d’équipage se sauvent grâce à leurs chaloupes.


- Le 25 octobre 1875 : le Flambard Saint-Hubert, de l’Ile de Ré, du capitaine Coussy, chargé de sel, fait côte à Maumusson. L’équipage est sauvé, la cargaison perdue.


- Le 28 octobre 1880 : la chaloupe La Reine des Anges, du patron Jean Beau, donne sur le rocher de l’Epinette. L’équipage est sauvé ainsi que l’embarcation.


- Le 24 novembre 1880 : la goélette La Marie, de Royan, capitaine Gruselier, chargée d’acide sulfurique pour Nantes, se perd sur le banc du Tabouret. L’équipage se sauve mais le reste est perdu.


- Le 31 décembre 1880 : le trois mâts L’Alphonsine, de Saint-Nazaire, capitaine Jean-Louis Henry, venant de Marseille chargé de soufre pour Bordeaux, se perd sur Tabouret. Les dix hommes d’équipage se noient, huit cadavres, parmi lesquels ceux du capitaine Henry et de son fils, âgé de dix huit ans, sont inhumés dans le cimetière de Saint-Trojan.
- Le 5 mai 1881 : naufrage du Raymond de Bordeaux, navire de 50 tonneaux échoué sur le Tabouret.


- Le 15 juin 1881 : la chaloupe La Jeune Louise de Marennes, patron Moty, se brise sur Tabouret. L’équipage est sauvé.


- Le 18 décembre 1881 : naufrage du lougre L’Alfred, de l’Ile de Ré, capitaine Aunis, chargé de pommes de terre pour Bayonne. Le capitaine, le matelot et le mousse périssent dans les flots.


- Le 30 avril 1890 : Naufrage de la gabare Le Jeune Fernand en provenance du Verdon, chargée de tuiles, le capitaine et le matelot, ayant une jambe cassée, sont secourus.


- Le 18 novembre 1916 : naufrage du vapeur uruguayen « Presidente Viera » (du nom de Feliciano VIERA, président de l’Uruguay de 1915 à 1919) dont le port d’attache était Montevidéo. Il transportait une cargaison de plaques de cuivre dont la destination en pleine guerre reste mystérieuse. Le navire s’échoua sur la plage de la Giraudière et se coupa en deux sous l’effet de la houle.


- Le 16 décembre 1919 : naufrage du canot de pêche Le Valmy de Marennes. Les deux hommes d’équipage sont secourus.


- Le 14 novembre 1993 : naufrage du bateau d’Evgueni Pavlovitch Smurgis, né en 1938 à Orenbourg en Russie, disparu dans la nuit du 14 au 15 novembre 1993. Ce rameur russe, déterminé à faire le tour du monde, commença son voyage en 1988 en compagnie de son fils Alexandre, depuis Dikson, au nord de la Sibérie. Il continua seul, depuis Londres jusqu'au pertuis de Maumusson, où il s’échoua et disparu. Depuis le naufrage, son bateau est exposé dans le jardin du Musée maritime de La Tremblade.


- Le 31 août 2011 : naufrage du chalutier de 8,70 m « Le Squale » de Saint-Froult, dans le Pertuis de Maumusson. Les 3 hommes d’équipage accrochés au portique du chalut sont récupérés par les pompiers, assistés du plongeur de l’hélicoptère Dauphin de la Marine nationale, et évacués par la vedette SNSM de La Tremblade. Le navire sera renfloué le lendemain.