Société Pierre Rullier Bois - P.K. 0,1
 

Situé, en face de la gare de saint-Trojan, au P.K 0,1, le carrefour de la Scierie, marque l’histoire singulière de Saint-Trojan-les-Bains. Autrefois était implantée à cet endroit une scierie qui exploitait le bois de la forêt domaniale.

La famille RULLIER représente une longue lignée de charpentiers établis en Deux-Sèvres tout d’abord, puis en Charente-Maritime.

Le fondateur de cette lignée de charpentiers, Pierre Alexandre Rullier, est né à Jouhé, à proximité de Pioussay (79), le 22 juin 1840. Ce charpentier est le fils d'Antoine Rullier (cultivateur) et de Marie Baudouin (lingère). Il a épousé le 30 janvier 1865 à Pioussay, Angélique Decaud, née à Pioussay le 14 février 1847 (fille de Louis Decaud, cultivateur, et d'Anne Gandois). Pierre Alexandre Rullier est décédé à 51 ans, le 27 décembre 1891.

Son fils, Eugène Rullier, menuisier-charpentier, poursuit l’activité de l’entreprise Rullier créée en 1883 à Jouhé, au lieu-dit « Chez Damy », commune de Pioussay, avec pour activité : scierie, exploitation forestière et charpente.

A l'âge de 24 ans, Eugène Rullier épouse Eulalie Terrassier (18 ans), le 23 avril 1894 à Pioussay. Ils ont un fils, Alexandre Rullier, né le 23 février 1895 au village de « Chez Damy » à l'ombre du donjon de Jouhé, commune de Pioussay. Dès l’âge de 5 ans, celui-ci se rend chaque jour à l'école de Pioussay, distante de 3 kms : "Dans la musette, chaque jour, le repas de midi." A l'âge de 11 ans, Alexandre quitte l'école pour travailler avec son père. A 10 ans et demi il obtient le CEP à Chef-Boutonne et devient apprenti chez son père.

En 1904, Eugène Rullier, de la classe 1889, n° 28 du tirage dans le canton de Chef-Boutonne, demande à être dispensé de la période de 13 jours qu'il est appelé à faire le 3 janvier 1905 au 9e Escadron Territorial du Train des équipages, à Châteauroux, quartier Bordessoulles.


Qu'en raison de sa demande il invoque les motifs suivants :

  1. Qu'il est menuisier et qu'il n'a que le faible produit de ses journées pour subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants;
  2. Qu'il est père de deux enfants dont l'un est âgé de 10 ans et l'autre de six ans;
  3. Que sa femme est dans un état de grossesse avancé;
  4. Qu'il est sans aucune fortune et que son départ serait le résultat d'une grande gêne pour sa petite famille

Le conseil municipal reconnaît que ces raisons sont fondées et est d'avis que sa demande soit favorablement accueillie.

Eugène Rullier, fait construire un grand hangar « Chez Damy » pour loger la scierie et la machine à vapeur. Tout à côté se tient l'atelier de menuiserie.

Le 2 août 1914, c'est la mobilisation générale. Antoine Rullier, cousin germain, écrit à Alexandre pour l'inviter à le rejoindre à Châtellerault, à la manufacture d'armes. Etant de la classe 15 Alexandre pourrait y être maintenu au moment de l'appel...

Alexandre apprend à tourner des crosses de fusil, suit des cours de dessin, « se trace une nouvelle carrière ». Il devient outilleur. Mais à Châteauroux où il est mobilisé à la caserne Ruby avec ceux de la classe 16 et un ancien de la classe 14, c'est la guerre qui l'attend. Il aurait voulu être aviateur... Il sera brancardier au 16e Régiment d’Infanterie Coloniale dans la Somme, puis filera aux Dardanelles. Enfin, le 11 novembre 1918, c'est la victoire : retour à Châteauroux avec la Croix de Guerre. Démobilisé à Tours en 1919, il a le permis de conduire en poche.

Alexandre a 24 ans, son père l'incite à travailler à son compte. Il embauche un ouvrier, Eugène Magneron. Mais à Jouhé, le père a entrepris d'exploiter le bois de la garenne du logis de Jouhé. Alexandre est invité par son père à diriger le chantier. La scie est entrainée par une locomobile, une machine à vapeur achetée par Henri Caillet (qu'il n'aurait pas réussi à payer intégralement) et rachetée par Alexandre Rullier pour sa scierie de Jouhé entre 1920 et 1930.

Une parqueteuse Perrin Panhard et une dégauchisseuse sont également achetées. L'équipe se met à fabriquer elle-même du parquet. Un débouché est trouvé en Bretagne : Nantes, Lorient, Saint-Brieuc. Mais il faut expédier par train, les gares sont éloignées...

En 1920, l’entreprise quitte « Chez Damy » pour s’implanter à Chef-Boutonne. Un terrain est trouvé, il sera relié à la gare par une voie Decauville (le maire autorise le 16 août 1927 son installation "perpendiculairement au chemin vicinal ordinaire n°21). Première activité industrielle de transformation du bois : scierie, fabrication de parquet massif en châtaigner et chêne.
En 1922, Alexandre Rullier épouse Gauloise Pétrault. Des enfants naissent : deux fils, Pierre et Paul, et une fille, Paulette, qui épousera plus tard Pierre Fouché.

Alexandre Rullier devient vice-président du groupement des Deux-Sèvres du syndicat forestier français (il sera plus tard président régional du Poitou-Charentes et Limousin). Il est sur la liste des acheteurs pour la forêt d'Aulnay, de l'Ermitain, de Saint-Sauvant, de Vouillé, etc. Il exploite les bois de la Chevrelière, ainsi que la forêt de Ruffec.

L'ouragan de 1935 détruit une partie de la scierie. Il exploite les bois du comte de Verteuil.
Plus tard, il achète la ferme de Breuil-Tizon à Paizay-Naudouin, il défriche et la remet en valeur. Deux moulins sont démolis. En 1950, le métayer Mathé s’installe dans la ferme. Plus tard, il est remplacé par Fortin qui en a fait une des plus belles fermes du pays.

Décès d'Eugène Rullier (le père) le 10 novembre 1955. Son épouse, Eulalie Terrassier décédera à son tour en 1978.

Alexandre Rullier décèdera à Chef-Boutonne le 27 juillet 1983. Il est alors chevalier et officier du mérite agricole.

En 1956, Pierre Rullier, alias « 100 000 volts », fils d’Alexandre Rullier, crée à Saint-Trojan-les-Bains, une scierie. Celle-ci est implantée juste en face de la gare actuelle du p’tit train, au lieu dit carrefour de la scierie.

Baptiste Deveautour, chef scieur, arrivé de Chef Boutonne (79) vient remplacer Jean Mounier en 1958. La plupart des employés (bucherons, scieurs…) sont originaires de l’île d’Oléron ou de Chef Boutonne.

La société réalisera au début des années 60 le débardage des bois de la future emprise de la voie de chemin de fer du p’tit train de Saint-Trojan.

En 1981, la société change de gérant. Celui-ci crée un magasin de bricolage Caténa, qui deviendra plus tard Bricoléron (actuellement installé à Dolus).

La scierie ferme ses portes en 1985, l’emprise est lotie et devient la « Résidence de la Forêt ».

Documents prêtés par David Rullier et emprunts effectués auprès de :

Canton Villefagnan : http://pascal.baudouin.pagesperso-orange.fr/
Journal CL Villefagnan : http://villefagnan.blogs.charentelibre.com/
Découvrez nos artistes de renom : http://artistesdeloubille.over-blog.com/
Trait Charentais : http://traitcharentais.wifeo.com/
Histoire Pioussay : http://pioussay.wifeo.com/